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Guerison ch4

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Dalissa entra dans la salle principale par la porte arrière, un panier d'œufs à son coude, ses mains rouges tachées de terre sombre. Elle secoua les gouttes de pluie de sa cape, et fronça le nez.

"C'est quoi cette odeur?"

 

Fadeh était près du feu, penché sur le contenu bouillonnant d'un petit poêlon.

"Nourriture pour bébés. On vient de recevoir la livraison des humains." dit-il, en désignant plusieurs gros sacs de graines odorantes disposés contre le mur derrière lui.

 

Dalissa déposa son panier sur une table.

"Pourquoi tu n'as pas emmené ça dans la grange? Ça empeste!"

"Je le ferai dès que la pluie aura cessé. Les sacs doivent rester secs."

 

La soignante se débarrassa de la cape et nettoya la terre de ses mains.

"C'est tout ce qu'il manquait? Est-on prêts pour la saison des naissances?"

"Les centaures nous ont livré. Les humains aussi. Il manque seulement les métamorphes."

 

Il leur arrivait d'avoir des elfes, mais c'était rare, et la nourriture pour bébés humains faisait l'affaire dans ces cas-là. Quant aux nagas, c'était encore plus rare car leurs docteurs étaient excellents, mais ils ne faisaient que pondre des œufs.

 

"Donc on attend la fille-chèvre?"

"Elle change de forme si elle est mouillée. Elle arrivera sans doute à la prochaine journée de beau temps."

 

Dalissa se rapprocha du feu.

"Espérons, parce que la saison devrait commencer dans quelques jours à peine." Dalissa observa l'eau sur le feu, dont la surface était devenue orangée. "Tu as déjà fini avec le dîner?"

"Oui. J'essaye de nouvelles choses avec de l'écorce.

"Oh, le morceau que tu gardais depuis l'autre fois? C'est pour ta chose encore? Elle a fini par t'obéir ces derniers jours?"

"Il s'appelle Dia." dit sombrement Fadeh. "Il a droit à un peu de respect."

"Il mange notre viande. Je l'appelle comme je veux."

"Je ne te répondrai pas tant que tu l'appelleras comme ça."

 

***

 

Fadeh aligna ses préparations en attendant que Dia se réveille de lui-même.

 

Le naga s'était tenu tranquille ces derniers jours, et avait été déclaré apte à se tourner tant qu'il n'appuyait pas sur les blessures de ses bras, ce dont il profitait allègrement.

 

Ce matin-là encore, Fadeh fit mordre Dia dans un linge. Ce système avait fonctionné pour le moment.

 

"Je n’ai pas un très grand morceau d'écorce, alors j’ai essayé plusieurs types de préparations en utilisant un petit fragment à chaque fois. Aujourd’hui et au cours des prochains jours, nous allons les essayer, et comparer les résultats. On verra celui qui fonctionne le mieux, pour continuer avec cette méthode-là."

 

Les yeux dorés du naga tombèrent sur les mains du soignant humain, attendant de voir ce qu’il avait réservé pour aujourd’hui.

"Nous avons donc plusieurs options. J'ai entendu dire que les nymphes sont capables de se servir de l'écorce, bien qu'elles soient...heu..."

"...Ssstupides?" suggéra Dia avec un sourire.

"Végétales. Bref, la façon correcte de s'en servir ne doit pas être très compliquée; malheureusement, celui qui a raconté ça était plus concentré sur les fesses de la nymphe que sur ce qu'elle faisait, la seule chose de certaine, c'est que c'était avec une blessure fraîche. J’ai laissé un des morceaux intact, nous pourrons essayer de l’appliquer directement sur la blessure, et si ça ne marche pas, de te le faire manger. J’ai voulu quand même faire bouillir un autre morceau, et j'en ai récupéré de l’huile." expliqua Fadeh, en montrant plusieurs petits pots en terre cuite. "Là encore, à avaler, ou appliquer sur la blessure directement. Et j'ai fait un baume un peu plus traditionnel avec de la poudre. Blessures fraîches, donc on peut essayer sur un bras et sur une petite zone de la queue en même temps, on ne sait pas lequel donnera des résultats plus visibles. Tu as une préférence pour aujourd’hui?"

"L’huile."

 

Fadeh prit un des pots.

"Sur les blessures ou à boire?"

 

Dia ouvrit simplement la bouche. Fadeh lui fit boire une gorgée.

 

Le seul résultat que cela amena fut de faire vomir violemment le naga pendant une grande partie de la journée.

 

Quand Fadeh émergea de la chambre pour vider le seau, Dalissa le croisa, revenant de dehors.

"Tu t'es fait vomir dessus?"

"Je vais me laver."

"Mais qu'est-ce que tu lui as fait?"

 

Fadeh attendit de voir si elle allait ajouter une insulte, avant de répondre:

"On teste l'écorce."

"Oh, je vois. Tu lui fais payer son séjour en t'en servant comme testeur, plutôt que d'essayer sur toi-même. Pas bête."

"Il a choisi de le faire."

"Désespéré comme il est? Au fait, tu dis "il" depuis des jours. C'est donc vraiment un mâle?"

"Je n'en sais rien, il ne veut pas dire, alors autant utiliser le dialecte naga."

"Hm. Ton cheval veut sortir."

"Je vais me laver." répéta Fadeh plus fort.

 

***

 

Le lendemain, Dia semblait nerveux à l'idée de peut-être vomir à nouveau, et voulut tester le fragment de bois brut directement sur les blessures. Fadeh l'y laissa toute la matinée, et tenta même de le frotter légèrement, sans aucun résultat.

 

Le jour suivant, encouragé par l'absence de réaction négative de la veille, ils tentèrent appliquer l'huile sur les blessures. Le résultat fut fulgurant : Dia se mit à hurler aussitôt, et cessa brusquement.

Dalissa fit irruption dans la pièce.

"Tu aurais pu me prévenir que ça allait crier! Tu m'as fait peur!"

 

Fadeh était tombé en arrière et regarda la soignante depuis le sol, ses yeux écarquillés.

"Ça ne... Ce n'était pas... Je ne comprends pas..."

 

Dalissa s'avança de quelques pas.

"Hm. Il est mort?"

 

Fadeh se précipita vers le corps inanimé du naga. et soupira de soulagement

"Évanoui. Je ne sais pas ce que j'ai mal fait... Peut-être que j'ai trop attendu. Ce n'est pas ce qui devait se passer..."

"Content de ne pas avoir eu à tester celui-là sur toi-même, pas vrai?"

"Dalissa!"

 

 

À son réveil, Dia était encore tout tremblant et faible.

"Comment tu te sens?"

"Çça a marché?" demanda le naga aussitôt.

"Oui Dia, mais... pas autant que j'espérais."

 

Son bras avait repoussé sur près d’un centimètre, avec une apparence grossière, mais une anatomie du coude correcte, et quelques écailles se profilaient, encore transparentes mais bien présentes, sur son côté droit - la zone testée.

 

"C'est encourageant, c'est la preuve que l'écorce peut aider, mais ce n'est pas censé faire mal. Je suis désolé. On peut attendre quelques jours si tu as besoin."

 

 

***

 

Le baume apporta une douleur un peu plus supportable, pour une action bien plus faible que l'huile, et le bois pur à manger déclencha d'autres vomissements.

 

Cela réduisait donc leur choix à l’huile et aux baumes, puisque ni Fadeh ni Dia n'avaient d'autres idées "simples".

 

Dia n’était pas assez brave pour continuer avec l'huile - malgré les suggestions de la diluer - et Fadeh ne l’en blâmait pas.

Ils se décidèrent donc pour le baume.

"On commencera demain, alors. Deux fois par jour, le matin et le soir. Tu me diras si tu préfères te concentrer sur les bras ou les écailles en premier. Et j’aurai besoin de vérifier l’avancement régulièrement. "

"Ça me va. " dit passivement le naga.

"En attendant, je voudrais laver les draps qui sont sur toi et le lit. Ils salissent vite, avec toutes les émotions des derniers jours. Que dirais-tu d’un bain?"

 

Dia sembla à la fois perplexe et intrigué par la proposition.

"Tu as dit de ne pas toucher le terre."

"Nous avons une baignoire en bois, Dalissa et moi l’utilisons pour l’hiver, puisqu’il fait trop froid pour se laver dehors. Tu seras un peu trop grand pour tenir entièrement dedans, mais cela devrait faire l’affaire."

 

La baignoire en question était faite de planches attachées ensemble comme un demi-tonneau. Fadeh fit rouler la baignoire jusqu’au bord du lit et la remplit d’eau claire. Avec beaucoup de soins, il déballa Dia de ses draps protecteurs, et le porta un anneau à la fois du lit jusque dans l’eau.

 

"Ne touche pas mon dos." prévint le naga.

"Ton dos?" dit Fadeh, surpris. "Tu as mal?"

"Non, mais je préfère si tu peux éviter."

"Dia… Dis-moi que tu n’as pas…"

"Pas de blessure." dit le naga, agacé. "Mon dos va bien. C’est un préférence."

"Oh. Comme tu veux. J’essayerai d’y faire attention. "

 

Il dut enrouler la queue sur elle-même pour s’assurer qu’elle ne traîne pas sur le sol, mais tout son corps n’était pas immergé.

Fadeh prit son temps pour laver le naga et ses blessures, puis le laissa mijoter dans son bain pour aller laver les draps et manger un morceau.

 

"Tu utilises encore toutes les réserves d'eau?" demanda la voix de Dalissa, frappant le dernier tonneau, qui sonnait creux.

"Oui. J'irai les remplir avant ce soir."

"C'est courir le risque de ne rien avoir si un patient arrive pendant que tu es en chemin."

"Il doit rester un peu d'eau de pluie dans un seau à l'entrée de la grange. Dans le pire des cas, il reste aussi celle de l'abreuvoir."

"Les centaures vont bientôt en avoir assez de te voir."

"J'ai toujours dit qu'il nous fallait un puits."

 

 

Quand Fadeh revint auprès de Dia, il semblait plus sombre.

Dia sentit le changement d’ambiance et surveilla ses déplacements à travers la chambre.

"Tout va bien?"

"Dalissa critique mes choix. Rien de nouveau."

"J’aime ce bain. L’eau fait du bien. On pourra recommencer?"

"Si j’ai le courage de le remplir à nouveau. Et ne te réjouis pas trop vite, nous n’avons pas fait le séchage encore, ni posé les draps propres."

"Tous les humains sont aussi rabat-joie? Pour un fois que je peux profiter un peu."

 

C’était dit sans vrai mordant, mais Fadeh réalisa qu’il était souvent négatif, en effet.

"Pardon."

"Combien de temps je peux rester? "

"Tu n’as pas froid?"

"Toujours froid. Mais tu ne veux pas de soleil."

"Désolé."

 

L’humain s’accroupit près de Dia pour voir l’état de sa peau et de la chair à vif de sa queue.

"Je vais te laisser rester encore une heure. Les draps devraient être secs d’ici-là. Et chauds, comme ils sont près du feu. Dis-moi si tu veux sortir avant ça."

"Oooh, ça, j’aime entendre!"

 

                                                                                                                                                   

Fadeh laissa Dia à son bain et se mit au travail de l’autre côté de la chambre, à préparer des remèdes.

Beaucoup de dialogue et peu de description dans celui-là.
Fadeh espérait secrètement un POUF magique... et c'est presque ce qui arrive quand on s'en sert correctement

Petite parenthèse: Dans leur monde, les nymphes sont des esprits de la forêt à l'apparence de femmes vaguement humaines. Elles sont en vérité une forme de vie mi-esprit, mi-végétale (elles ont de la sève au lieu du sang, ne parlent pas, n'entendent pas, et on dit souvent qu'elles ont autant de neurones qu'un pissentit) Une nymphe veille sur une parcelle de forêt contenant son arbre-mère où elle est supposée veiller à l'équilibre toussa toussa - mais est extrêmement passive dans sa tâche. Farouches au premier abord, elles se laissent assez facilement séduire par n'importe qui.  


Guerison ch3C'était maintenant la deuxième semaine depuis que Dia avait rejoint la maison des soignants.
 
Dia mangeait désormais avec appétit.
Ses nausées continuaient, mais le naga ne vomissait plus. Il mettait parfois du temps à choisir ses mots à prononcer de sa gorge blessée; au moins, il y avait un début de communication entre eux.
À la surprise de Fadeh, la toute première question de Dia avait concerné ses cheveux raccourcis. Le naga restait obstinément fermé à toutes les questions personnelles.
 
Ce sur quoi Fadeh n'avait pas compté, était le manque de coopération de son patient - non pas pendant les soins, mais en dehors.
 
 
"Reste couché ou je t'attache!" ordonna le jeune homme en maintenant les épaules de Dia sur le matelas.
 
Dia siffla furieusement en réponse à cette menace, et fit claquer une fois ses mâchoires en direction d'une des mains de l'
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Guerison ch5a"Les bras, alors?" dit Fadeh le lendemain matin, demandant confirmation au naga.
 
Dia acquiesça, tendant ses moignons.
"Mes écailles vont peut-être repoussser sseuls maintenant." déclara-t-il en baissant les yeux vers l'emplacement des trois écailles sur le côté de sa queue sous le drap protecteur, qui reprenaient lentement des couleurs. "Pas mes bras."
"C'est vrai." approuva Fadeh, appréciant cette logique.
 
Le naga s'était complètement habitué à sa nouvelle gorge et pouvait maintenant faire des phrases complètes et plus longues. Dia n'était plus aussi défensif qu'au début de son séjour et Fadeh trouvait cela très encourageant.
 
L'humain retira les bandages qui couvraient les extrémités des bras et les déposa à côté du baume sur la table de chevet.
Dia reprit d'une voix moins assurée:
"Mais ssi tout mon queue ccicatrise, on pourra encore utilis


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K-naille's avatar
Les nymphes sont ssstupides mais elles savent utiliser l'écorce. C'est une fameuse énigme pour Fadeh.
Les remarques acerbes de Dalissa m'amusent.